Fabriquer localement, à Marseille : un défi plus complexe qu’il n’y paraît.

Fabriquer localement, à Marseille : un défi plus complexe qu’il n’y paraît.

Chez Espigas et Canal16lab, nous avons fait le choix courageux (et parfois un peu fou) de fabriquer nos produits à Marseille.
Mais soyons honnêtes : fabriquer en France, et encore plus à Marseille, relève aujourd’hui du parcours du combattant.

Pourquoi ? Parce qu’après des décennies de délocalisations, notre pays a vu disparaître l’immense majorité de ses ateliers de confection textile et de fabrication de chaussures.
À partir des années 1980, la production est partie vers des pays où les salaires étaient bien plus bas : Portugal, Tunisie, Chine, Vietnam… Résultat : tout un savoir-faire s’est éteint.

Et aujourd’hui, tout est à reconstruire : les compétences, les filières, les ateliers, les formations.

Car il ne suffit pas de vouloir relocaliser : il faut trouver des personnes motivées et formées, des machines et des agents pour les entretenir et les réparer, un lieu abordable et facile d’accès.

Et là aussi, les freins sont nombreux :

-Le foncier à Marseille est à la fois cher et rare, surtout dans les quartiers accessibles où les gens peuvent vraiment venir travailler.

-Il n’y a quasiment pas de compétences sur le territoire et les écoles de productions en couture peinent à recruter.

-Il n’y a pas d’atelier disposant de machines à coudre spécifiques capables de traiter de la bâche et des tissus épais techniques disponibles pour des productions ad hoc de moyennes séries.

Le contexte concurrentiel est aussi compliqué :

Il y a une concurrence déloyale de la part de certains pays européens où les salaires en confection sont deux fois moins élevés qu’en France (comme le Portugal) qui bénéficient de plus d'un vrai savoir-faire.
Et dans le même temps, la fast fashion ultra low-cost continue d'inonder le marché. La loi qui devait encadrer cette dérive n’est toujours pas ratifiée…

Nous ne sommes pas contre la production dans un pays Européen. Mais nous affirmons que fabriquer à Marseille, ce n’est pas fabriquer au Portugal.  Ce n’est pas le même impact social, pas le même tissu économique local, pas la même ambition et franchement, nous ne nous voyons pas faire « voyager » nos déchets pour qu’ils soient transformés dans un pays limitrophe et qu’ils reviennent en articles manufacturés.

Alors on continue. On forme, on recrée, on s’entête. Parce qu’un produit fabriqué à Marseille, c’est bien plus qu’un produit. C’est une chaîne de valeurs, c’est de l’emploi, c’est du lien. Et là, heureusement, nous pouvons nous appuyer sur l'écosystème des ESAT et des ateliers d'insertions qui sont de véritables laboratoires de production, des centres d'essais, un "pied à l'étrier" avant de passer à une plus grosse échelle.

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